Norvège, Angleterre : 2014
Titre original : Miss Julie
Réalisateur : Liv Ullmann
Scénario : Liv Ullmann d’après August Strindberg
Acteurs : Jessica Chastain, Colin Farrell, Samantha Morton
Distribution : Pretty Pictures
Durée : 2h13
Genre : drame
Date de sortie : 10 septembre 2014
Note : 2/5
Liv Ullmann, femme et muse d’Ingmar Bergman, est surtout connue pour être une actrice de grand talent. Ce que le grand public sait moins c’est que la Norvégienne dirige des acteurs depuis les années 1990, surtout au théâtre, mais également au cinéma avec Infidèles récemment, présenté au Festival de Cannes. Elle revient aujourd’hui avec sa nouvelle réalisation Mademoiselle Julie, adaptée de la pièce éponyme d’August Stindberg.
Synopsis : 1890, Irlande. Tandis que tout le monde célèbre la nuit des feux de la Saint Jean, Mademoiselle Julie et John, le valet de son père, se charment, se jaugent et se manipulent sous les yeux de Kathleen, la cuisinière du baron, jeune fiancée de John. Ce dernier convoite depuis de nombreuses années la comtesse voyant en elle un moyen de monter dans l’échelle sociale.
Théâtre filmé
Mademoiselle Julie est le type de film dont on ne sait pas trop quoi dire. D’un côté on est convaincu d’avoir assisté à un épatant jeu d’acteurs, de l’autre et bien l’ennui guette car avouons-le, sur 2h13 il ne se passe pas grand chose. Mademoiselle Julie est un peu la femme fatale mais qui s’ennuie profondément dans sa grande demeure, et qui va se sentir vivante et puissante en séduisant son domestique, sans se douter des conséquences que cela va entraîner. Le film est une réflexion ouverte sur les rapports de sexe et surtout les rapports de classes, un amour impossible confronté à l’ordre social. Les différents protagonistes semblent invisibles les uns par rapport aux autres, se parlent sans vraiment s’entendre et donnent une image biaisée de ce qu’ils sont vraiment. Cela donne l’impression d’une cacophonie où chacun va exprimer ses pensées les plus intimes pendant plus de deux heures en ayant l’impression que personne ne les écoute. En plus, on constate rapidement que Mademoiselle Julie est dépressive, qu’il y a une profonde mélancolie et une solitude entre les personnages, et qu’elle cherche à être entendu pour s’en sortir mais sans succès. L’impression que laisse le film est donc assez austère, soulignée par l’absence totale d’autres personnages : la réalisatrice choisit d’isoler complètement son trio du monde extérieur si bien que les seules présences tierces se résument à des voix entendues au loin. Le film est très théâtral, que cela soit dans l’expression des passions, des monologues, des longs plans fixes, l’unité de lieu et d’action (le film se passe presque intégralement dans une cuisine du crépuscule à l’aube). Notons tout de même le travail du chef opérateur sur la lumière qui reflète les émotions des personnages et mets magnifiquement en valeur les décors de la bâtisse irlandaise. Dommage que les émotions ne passent pas et que tout semble horriblement daté. Trop lent, trop chiant…