C’est bientôt fini – déjà. Le 41e festival du film américain de Deauville tirera sa révérence ce samedi 12 septembre, non sans avoir encore présenté quelques films. Par contre la compétition est close, nous permettant de vous parler des films vus et de jouer le jeu des pronostics.
Le Festival de Deauville est toujours aussi agréable à parcourir. Déjà parce que la ville est magique, ensuite parce que c’est un festival de passionnés et de cinéphiles où le public est le bienvenu. Comme chaque année son lot de stars et de grandes avant-premières, malgré cela il faut reconnaître que la programmation était un peu décousue. Déjà de trop nombreux films (compétition et hors compétition) n’avaient aucun membre de l’équipe pour les représenter. Ensuite trop d’hommages dont on sent qu’ils sont là pour compensez l’absence des équipes. Des hommages certes variés mais sans ligne directrice pensant un peu à du remplissage : si Ian McKellen, Patricia Clarkson et Lawrence Bender avaient toute légitimité, on se demande l’intérêt de rendre hommage à la carrière très vide de Orlando Bloom et d’un Terrence Malick absent comme à son habitude. Enfin, petite année en sélection puisque nous avons eu uniquement deux coups de cœur : Dope en compétition et Danny Collins hors compétition. Le reste de la sélection traite de films assez déprimants où se partagent la dépression, la folie, la prison, la crise, la maladie : la nouvelle génération de réalisateurs est-elle si pessimiste ?
Dans la suite nous allons nous concentrer uniquement sur les films en compétition : certains (signalés par *) auront droit à leur critique à part. J’ai indiqué à côté du film correspondant mon pronostic supposé. À noter que sur 14 films en compétition je n’en ai vu que 8 mais il faut bien faire des choix dans la vaste programmation du festival.
– 99 Homes* – Prix du jury supposé
La critique est déjà en ligne. Le film est au catalogue de Wild Bunch qui doit le sortir en e-cinéma. Cependant la rumeur du festival, vu son succès lors de la présentation le distributeur réfléchirait à une sortie salles classique. Pas de date annoncée mais ça ne devrait plus tarder.
– Cop Car*
Si Spielberg et Dupieux réalisaient un film ensemble cela pourrait donner Cop Car. Un flic véreux incarné par le génial Kevin Bacon poursuit deux gamins en fugue qui lui ont volé sa voiture, voiture qui contient des preuves accablantes. Une fable décalée, de l’humour de situations, quand soudain le film prend un ton plus sérieux et rempli d’émotions sur la fin. Une jolie découverte. Le film sera distribué par The Jokers / Le Pacte, pas de date annoncée mais ça ne devrait plus tarder non plus.
– Day out of Days
Le nouveau film de Zoe Cassavetes m’a fait penser à Map to the stars mais la réalisatrice n’a pas le talent de Cronenberg ni son jusqu’au-boutisme : on suit une ancienne gloire d’Hollywood qui arrivée à 40 ans peine à exister dans son milieu professionnel et dans sa vie. Une critique du milieu Hollywoodien complètement porté sur l’image et la superficialité. Un milieu que Zoe Cassavetes doit bien connaître, issue d’une célèbre famille de cinéastes. On regrette que Day out of Days reste trop lisse et se révèle être un énième film dépressif. Pas de sortie France prévue pour le moment.
– Dixieland – Prix de la critique supposé
Un premier film hyper classique : un mec sort de prison, il vit dans un milieu difficile fait de violences au quotidien, le mec tombe amoureux, il va être forcé de replonger dans ses anciens travers pour s’en sortir. Côté réalisation, Hank Bedford lorgne du côté de Malick mais c’est hyper prétentieux pour un jeune réalisateur, un peu de simplicité n’aurait pas fait de mal. Au final ce n’est ni très intéressant sur le fond ou la forme. Pas de distributeur et a priori peu de chances d’en trouver un.
– Green Room
Passé par la Quinzaine à Cannes, Green Room raconte l’histoire d’un groupe de punk rock à la merci d’un groupe de skinheads dans un club après avoir été témoin d’un meurtre après un concert. Le film est un survival plutôt gore, le tout manque de maestria ou d’absolutisme mais ça se laisse regarder avec plaisir pour les fans de cinéma de genre. Pas de sortie française prévue.
– James White – Grand Prix supposé
Le film difficile à voir en début de journée. James White raconte la descente aux enfers d’un jeune garçon un peu paumé sans grand sens des responsabilités ni amis ni ambition, qui vient de perdre son père avec qui il entretenait une relation conflictuelle et qui voit dépérir sa mère atteinte d’un cancer. Le réalisateur montre tout, son film est anxiogène et pessimiste au possible, de la souffrance pour la souffrance. Au final pour le spectateur c’est particulièrement pénible et gratuit. La mise en scène faite de gros plans est plutôt bien fichue pour un premier long mais de l’aveu du réalisateur le film est surtout sa thérapie à partager avec le public, ayant vécu la situation qu’il raconte. Pénible et dispensable donc, aucun distributeur pour le moment.
– Emelie
Encore un premier film qui devrait ne jamais sortir dans notre pays. Un thriller mettant en scène une babysitter plutôt glauque et malsaine allant jusqu’à montrer aux enfants la sextape de leurs parents, jusqu’à comprendre ses motivations. Il ne se passe pas grand chose, c’est plutôt classique mais le film rempli correctement le job en faisant passer 1h30 efficacement.
– Dope* – Prix de la révélation Kiehl’s et prix du public supposés
Le gros coup de cœur de cette compétition ! Le film est déjà assuré de sortir en France le 4 novembre prochain chez Happiness Distribution. L’histoire d’une bande de jeunes geeks fans de hip-hop des années 90 qui veulent sortir du ghetto où ils habitent. La film est ultra pêchu, beaucoup de rythme grâce notamment à une BO colorée signée Pharrell Williams, la mise en scène est jeune et dynamique, utilise les réseaux sociaux et de nombreuses références à la pop culture, sous forme d’hymne à la réussite. C’est fun, le message est ultra positif malgré la dureté apparente de certaines situations, un film qui fait du bien tout simplement.