Longtemps cantonnée à des chansons d’amour larmoyantes, la pop italienne s’est transformée ces dernières années grâce à quelques artistes féminines qui ont su s’imposer dans un panorama majoritairement masculin.
Elodie, la pop italienne portée par une voix mais aussi des performances
Elles se nomment Elodie et Annalisa et mènent à elles seules une micro-révolution musicale en Italie. Si d’aucuns associent encore trop souvent la pop transalpine à Laura Pausini, le genre accueille pourtant des artistes de plus en plus éclectiques. Ainsi Elodie – qui malgré son prénom français est née et a grandi à Rome – a su habilement mélanger pop et performances scéniques. Malgré des débuts titubants où on l’a vu changer d’équipe de production puis conséquemment de style, la chanteuse a su se forger une place importante dans le panorama musical italien. Depuis ses débuts en 2015 et sa seconde place à Amici (la version italienne de notre Star Academy), la chanteuse a accumulé 2 millions 400 copies vendues. En mai dernier, lors de son premier zénith sold out à Milan, elle a délivré un show rare, voire inédit dans le pays, mêlant danse et pyrotechnie. Le résultat ? Des critiques unanimes et dithyrambiques. Son dernier album Ok.Respira a récemment été récompensé par un disque de platine et sa nouvelle tournée affiche pratiquement complet. Ce qui la distingue ? Sa capacité à insuffler de l’entertainment dans toutes ses chansons avec des chorégraphies toujours très travaillées. La preuve avec son dernier projet, Red Light, une mixtape où s’enchaînent, sans interruption, 7 chansons très dance illustrées par des clips jalonnés de références pop.
Annalisa, ou le virage années 80, clé de son succès récent
Issue, elle aussi, d’Amici (édition 2011) où elle a également atteint la seconde position, Annalisa n’a pas connu la carrière fulgurante d’Elodie mais a grandement illustré le dicton « Tout vient à point, à qui sait attendre ». En effet, si elle a commencé la musique très tôt, l’auteure-interprète a connu un parcours long et atypique. Ainsi, après une première exposition très forte à la fin du programme TV, elle a poursuivi son chemin musical de manière plutôt discrète, oscillant entre chansons romantiques et featuring avec des rappeurs. Ce n’est qu’en septembre 2022 et la sortie de Bellissima, hymne à la désillusion amoureuse très années 80, que l’artiste explose. Depuis, elle enchaîne les succès : un deuxième sigle Mon Amour qui la propulse au sommet des classements des singles (ce qui n’était pas arrivé à une artiste femme depuis 2020), un hit estival et depuis, le 29 septembre, son 8e album – E Poi Siamo Finiti Nel Vortice – qui est, lui aussi, parvenu à se hisser à la première position des charts, la seule femme parmi les 10 premières positions. Sa particularité ? Des chansons extrêmement entraînantes – on pense en particulier à Euforia qui apparaît dans les classements sans même être sorti en single – aux rimes travaillées et là encore, une esthétique extrêmement soignée. Résultat : une première date au Forum d’Assago à Milan, le 4 novembre, qui affiche complet et une tournée printanière qui part sous les meilleurs auspices.
Les artistes féminines enfin sur le devant de la scène de la musique italienne ?
Les succès d’Elodie et d’Annalisa démontrent une tendance importante dans un panorama musical italien largement dominé par les hommes : que les artistes femmes parviennent enfin à se frayer un chemin artistique à leur juste valeur. Qu’Annalisa puisse supplanter des artistes masculins comme Tedua, Lazza ou Ligabue en arrivant à la tête du classement des albums n’était pas une mince affaire ! Et sa performance n’est pas passée inaperçue. Accompagnée par d’autres de ses consœurs comme Rose Villain et la prodige de 21 ans, Madame, qui lorgnent toutes les deux du côté du rap, elle ouvre sans nul doute la voie à d’autres artistes féminines. « Il était temps » a-t-on envie de dire.