France : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Rachid Bouchareb
Scénario : Rachid Bouchareb, Olivier Lorelle, Yasmina Khadra
Acteurs : Forest Whitaker, Harvey Keitel, Brenda Blethyn
Distribution : Pathé Distribution
Durée : 1h58
Genre : drame
Date de sortie : 07 mai 2014
Note : 2,5/5
Un premier « film américain » pour Rachid Bouchareb, qui s’entoure d’un casting impressionnant pour le remake du film français Deux hommes dans la ville avec Alain Delon. Malheureusement, le réalisateur pêche sans doute par orgueil.
Synopsis : Garnett, ancien membre d’un gang du Nouveau Mexique vient de passer 18 ans en prison pour meurtre. Avec l’aide d’Emily Smith, agent de probation chargée de sa mise à l’épreuve, il tente de se réinsérer et de reprendre une vie normale. Mais Garnett est vite rattrapé par son passé. Le Sherif Bill Agati veut lui faire payer très cher la mort de son adjoint.
Relents de Zulu
C’est le deuxième film français en peu de temps dans lequel Forest Whitaker incarne un personnage torturé, après le très bon Zulu de Jérôme Salle. D’ailleurs, la ressemblance entre les deux films ne s’arrête pas là, même si La Voie de l’Ennemi se révèle bien terne comparé à ce « modèle ». Là où Jérôme Salle instaurait une vraie tension dans son thriller, Rachid Bouchareb peine à trouver des enjeux. Un homme qui sort de prison après dix-huit ans passés à l’ombre veut se faire une nouvelle vie, tout en se retrouvant la proie d’un Shérif revanchard bien résolu à le remettre au trou, et un ancien « ami » truand devenant gênant. Avec autant de « gueules » et d’acteurs brillants, on se demande pourquoi Rachid Bouchareb a choisi de développer uniquement le personnage de Whitaker. On ne fait qu’entre-apercevoir les autres protagonistes : on imagine que Brenda a eu une grosse peine de cœur et venue au Nouveau-Mexique pour se reconstruire. Le Shérif quand à lui est blasé ainsi que choqué de la vague de violence qui accompagne l’immigration clandestine, très répandue dans le Comté – la scène où il s’effondre après avoir vu le cadavre de mexicains est par exemple très intéressante. Malheureusement, ces vaines incursions dans leur vie ne suffit pas à s’intéresser à eux, alors que le film est plutôt long, on sent bien passer les 2h. Le réalisateur que nous avons rencontré après le film admettra même que sa première version était d’1h40 plus longue (argh), que la fin était très différente (vous ne verrez pas la scène figurant sur l’affiche), et qu’il ne se rappelait plus du tout si son film comportait une scène où Brenda marchait dans le désert (sic). Bouchareb préfère filmer son héros, dont on devine qu’il refrène des pulsions violentes et qu’il s’est racheté une conscience en se convertissant à l’Islam. Du coup le personnage intériorise beaucoup, a de longues scènes introspectives et figuratives où il est seul, où il marche, et où il pique ses petites crises. Bref ce n’est pas passionnant. Notons tout de même la très belle photographie de Yves Cape et l’ambiance générale plutôt tendue et intrigante.