Le Champs-Élysées Film Festival semble assez peu suivi cette année, en tout cas si on considère les salles à moitié vides (en tout cas pour les films que nous avons vu). Pourtant ce n’est pas faute d’avoir une programmation assez riche en films indépendants de Sundance, en grosses avant-premières, avec plusieurs équipes de présentes. Retrouvez dans la suite de cet article un pêle-mêle de films. Les sorties les plus importantes feront l’objet d’articles séparés.
Ping Pong Summer (3/5)
Ping Pong Summer se présente comme un vieux film de vacances. Senteur des années 1980-90, l’image est jaunie, granuleuse avec des défauts, comme si la famille dépeinte nous passait ses souvenirs sur un vieux magnétoscope. Rad est comme tous les enfants de son âge, il rêve d’amis, de filles, de s’amuser mais il doit pour cela affronter les plus grands. Et le Ping Pong devient une sorte de rituel social, utile pour draguer comme pour sympathiser ou encore affronter un adversaire. Le film initiatique de base, le passage à l’âge adulte, avec Susan Sarandon en espèce de grand maître. La mise en scène est volontairement un peu ringarde pour coller à cet aspect rétro et démodé. Ping Pong Summer serait un premier film, on trouverait ça plutôt mignon et charmant. S’agissant en réalité d’un troisième, on pensera plutôt qu’il est naïf et totalement inoffensif !
Sortie le 16 juillet 2014.
Summer of Blood (2/5)
« Une comédie romantique sur la peur de s’engager… avec des vampires. » C’est ainsi que le réalisateur Onur Tukel décrivait son film en préambule. Son personnage – qu’il incarne lui-même – est surtout un sacré égoïste, antipathique et stupide au bout de cinq minutes. C’est dommage car Summer of Blood possède quelques fulgurances d’humour noir dans sa vision des relations homme-femme, sorte de Woody Allen sous herbe. Mais le caractère totalement passif de son héros nous donne simplement envie de le gifler. Reste des situations cocasses tantôt drôles, tantôt amorphes pour une comédie de mœurs faussement irrévérencieuse.
Pas de distributeur.
La vérité sur Emanuel (3/5)
Premier film produit par Rooney Mara, La vérité sur Emanuel apporte peu au genre du thriller, même si son ambiance est suffisamment intrigante pour maintenir en haleine. Les interprètes distillent la fraîcheur suffisante, même si la découverte sur la « vérité » du bébé fait lentement retomber le soufflé, en même temps que l’attention du spectateur. À la fin il n’y a pas vraiment de « vérité » sur Emanuel, même si la progression psychologique du personnage est intéressante, ainsi que l’attachement progressif à sa voisine (même si le parallèle avec sa propre mère est évident). On aurait aimé quelque chose de plus malsain pour un film qui est plutôt sage au final, mais pas dénué d’intérêt néanmoins : Kaya Scodelario et Jessica Biel sont très convaincantes.
Pas de date de sortie.
Locke (3,5/5)
Une voiture, un portable, Tom Hardy. Locke est comme on s’en doute un exercice de style pour maintenir l’intérêt et développer une histoire sur 1h30 avec si peu d’éléments. Le pitch n’est pas sans rappeler d’ailleurs l’excellent Buried, l’un des films les plus « absolus » en terme de mise en scène de ces dernières années. Contrairement à Ryan Reynolds en danger de mort, Tom Hardy affronte des enjeux plus terre à terre et ses démons intérieurs. Le spectateur assiste coup de fil après coup de fil à la descente d’un homme apparemment heureux père de famille et ingénieur accompli, qui aura trompé sa femme une fois et dont la conséquence sera un enfant illégitime à naître, qui explique le trajet en voiture. Mise en scène minimaliste et crépusculaire, le réalisateur n’a pas beaucoup de choix pour poser sa caméra, filmant Hardy tantôt par le biais d’un rétroviseur, parfois directement ou à travers le pare-brise. L’exercice de style est bien là et pendant quarante minutes on suit avec attention les problèmes qui s’accumulent pour Ivan Locke. Jusqu’à dodeliner : le sujet était intéressant pour un court, il manque cruellement d’enjeux pour un long métrage. Contrairement à Buried qui montait en tension autour de la survie du personnage, ici on plaint rarement Hardy. Après tout il mérite un peu ce qui lui arrive, tandis que les apartés où il se met à parler à la banquette arrière comme si son père était présent sont assez confondantes. Le personnage est-il fou ? Au final on se dit que le film sera un casse-tête à distribuer pour Metropolitan (qui a acheté le film pour la France) et qui misera peut-être sur une sortie DTV. L’unité de lieu oui, Tom Hardy gros oui, mais l’histoire finit par être ennuyeuse. Dommage.
Pas de date de sortie.
La Fièvre du samedi soir (3,5/5)
Est-il besoin d’écrire sur La fièvre du samedi soir, film culte des années 1970 s’il en est. Ses chorégraphies entraînantes sur la musique des Bee Gees et surtout LA révélation John Travolta, alors aussi svelte et souple qu’une danseuse étoile. Le Champs-Élysées Film Festival fait dans la rétrospective est ça reste très agréable de découvrir des films cultes sur grand écran. La fièvre du samedi soir a marqué son époque, mais comme tout film très ancré dans une certaine période, il a un petit peu vieilli. Les pantalons pattes d’eph, les coiffures gominées, le machisme ambiant… Cela provoque quelques situations comiques en le redécouvrant en 2014 mais il reste très entraînant dans cette forme de romantisme sauvage (parfois très gay-friendly) et les chansons qui donnent toujours autant l’envie de danser. Allez, pour se mettre dans l’ambiance on regarde quelques images.
En vidéo.
Venu tout droit de Sundance, Obvious Child est probablement le bonbon du Champs-Élysées film festival. Un feel-good movie c’est toujours agréable pour le moral. Jenny Slate a une telle énergie, une bonne humeur et une drôlerie incroyable, le film repose beaucoup sur sa performance. Ce n’est pas tant l’histoire, assez simple (une jeune comédienne rompt avec son copain, apprend qu’elle est enceinte et perd son emploi) c’est surtout le comique spontané des situations, proches de la vie réelle. Et la mise en scène est également bourrée d’idées qui accentuent le comique, comme cette scène du test de grossesse où l’héroïne s’enferme dans une bulle avec le temps qui semble se ralentir, et se remémore sa nuit d’amour. Ou les apartés qu’elle peut faire dans sa tête. Et bonne nouvelle, le film a été acheté pour la France, si tout se passe bien il sortira en salles pour l’automne.
Sortie le 03 septembre 2014.
Side by side (4/5)
Attention film exigeant ! Side by side fait le tour des festivals depuis quelques années maintenant, étant passé par Berlin et Cannes notamment, et toujours aucun distributeur ou éditeur pour le sortir au moins en vidéo sur le sol français. N’ayons pas peur de dire qu’il fait office de référence en matière d’encyclopédie du cinéma, étant documenté à l’extrême, sachant que sa richesse vient surtout de ses intervenants : un nombre incroyable de grands réalisateurs ou directeurs de la photo. Jugez plutôt : David Fincher, Keanu Reeves (qui est producteur et interviewer), Martin Scorsese, Steven Soderbergh, George Lucas, Danny Boyle… On pourra reprocher à Side by side son manque de didactisme peut-être : seuls les plus cinéphiles devraient être passionnés car le film est technique et pointu. S’intéressant d’abord au passage de la pellicule au numérique, il amène ensuite à une grande réflexion sur le 7e art et la manière de consommer le média film. Et on découvre surtout qu’il n’y a pas de consensus ni même de vérité général sur ce sujet comme sur le cinéma de manière globale. Chaque intervenant a son opinion, parfois en contradiction avec celle d’un autre interviewé. C’est dans cette diversité de points de vue que Side by Side est passionnant.
Pas de distributeur.
Kill your darlings (1,5/5)
Malgré le style de la mise en scène, le charisme des interprètes, et l’histoire adaptée de faits réels, on reste totalement hermétique à Kill your Darlings ! La faute à ces jeunes cons poètes qui jouent aux anarchistes, et qui ont de fait l’impression d’être importants en se faisant remarquer. Le film est aussi étrange qu’inutile, on est souvent perdu dans les tenants et les aboutissants. Il est même assez dérangeant dans sa représentation de l’homosexualité, on a juste l’impression que Daniel Radcliffe cherche encore et toujours à s’éloigner de son image de l’élève modèle Harry Potter. Au final, Kill your Darlings ne serait-il pas qu’une histoire d’amour sur fond de philosophie ? Gonflant.
Pas de distributeur.
Massacre à la tronçonneuse (4/5)
De la pure folie, 40 ans après sa sortie, Massacre à la tronçonneuse reste le roi des slashers. Toujours aussi extrême. La copie restaurée proposée par Carlotta est de toute beauté, allant même jusqu’à restituer le grain d’époque tout en rendant au master une seconde jeunesse. Beaucoup de films s’en sont inspirés, Hollywood ayant été jusqu’à produire des suites, remakes, reboots à la chaîne ; pourtant seul l’original de Tobe Hooper arrive à restituer toute l’horreur et la folie. Il y a finalement peu d’effusions de sang, le gore est plus suggéré qu’autre chose, mais la tension psychologique est lourde est palpable. Le réalisateur transforme le repas familial en cauchemar, où la torture mentale est le pire de l’horreur, simplement en filmant des cris, des yeux en gros plan, des bouches en rictus, le tout accompagné par une musique faite d’accords assourdissants. La maîtrise du glauque est totale. Si vous voulez découvrir le film restauré en salles, le distributeur a la bonne idée de le ressortir au cinéma le 22 octobre prochain !
En vidéo et en version restaurée le 22 octobre 2014.
À voir aussi : Champs-Élysées Film Festival 2014
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