France : 2013
Titre original : –
Réalisateurs : Franck Ekinci, Christian Desmares
Scénario : Franck Ekinci, Christian Desmares
Avec les voix de : Marion Cotillard, Philippe Katerine, Jean Rochefort, Olivier Gourmet
Distribution : StudioCanal
Durée : 1h45
Genre : animation
Date de sortie : 04 novembre 2015
Note : 3,5/5
Avril et le monde truqué s’est distingué au festival international du film d’animation d’Annecy 2015 en raflant le cristal du long-métrage. Comme si cela ne suffisait pas à aiguiser notre curiosité, ce film à l’univers si singulier s’offre un impressionnant panel de belles voix (Marion Cotillard, Jean Rochefort, Philippe Katerine…) pour donner vie à Avril et ses amis.
Synopsis : 1941. Le monde est radicalement différent de celui décrit par l’Histoire habituelle. Napoléon V règne sur la France, où, comme partout sur le globe, depuis 70 ans, les savants disparaissent mystérieusement, privant l’humanité d’inventions capitales. Ignorant notamment radio, télévision, électricité, aviation, moteur à explosion, cet univers est enlisé dans une technologie dépassée, comme endormi dans un savoir du XIXème siècle, gouverné par le charbon et la vapeur. C’est dans ce monde étrange qu’une jeune fille, Avril, part à la recherche de ses parents, scientifiques disparus, en compagnie de Darwin, son chat parlant, et de Julius, jeune gredin des rues. Ce trio devra affronter les dangers et les mystères de ce Monde Truqué. Qui enlève les savants depuis des décennies ? Dans quel sinistre but ?
Grâce à une très belle introduction, Avril et le monde truqué plonge immédiatement le spectateur dans un univers imaginaire, une déformation de la réalité rendue possible grâce à une uchronie des plus intéressantes. La découverte de ce monde bloqué à l’âge de la vapeur suite à la disparition de scientifiques renommés est des plus étonnantes et Paris prend une nouvelle dimension avec ses deux tours Eiffel et ses engins fantastiques comme le téléphérique-paquebot reliant Paris à Berlin. Esthétiquement parlant, Avril et le monde truqué est un petit bijou d’inventivité et beaucoup de poésie se dégage de ce monde poussiéreux sous fond de dystopie. Comment ne pas s’émerveiller devant ce monde rempli d’objets aussi insolites les uns que les autres et devant ce Paris déformé ? La patte de Jacques Tardi (Adèle Blanc-Sec) se ressent sur le projet et la netteté du dessin ainsi que ses couleurs franches sont un régal pour les yeux.
Avril et le monde truqué ne se contente pas d’être esthétiquement magnifique. Le scénario n’élude pas les problèmes de notre époque et n’hésite pas à soulever des questions d’actualité, notamment en matière d’écologie.
Outre l’originalité du scénario et de l’univers qu’il crée, l’une des forces majeures de ce film d’animation est son humour : un humour bon-enfant plein d’espièglerie qui fait oublier les quelques défauts des personnages principaux qui ne se distinguent guère par leur originalité et frôlent même parfois le cliché. On retrouve le chat doté de la parole, débitant des remarques acerbes qui rappelle étrangement le Chat du rabbin, le voyou et la jeune fille que tout oppose, les inspecteurs de police patauds,…
Au final, le film alterne entre scènes surprenantes (magnifique passage de la maison ambulante) et très convenues. Le dénouement laisse également perplexe, à la fois inattendu mais également assez excessif voire légèrement ridicule. Seule une bonne dose d’humour parvient à faire passer cette fin presque décevante pour un film de cette ampleur.
Avril et le monde truqué reste néanmoins une belle réussite visuelle, un pari osé et un plaisir pour les rêveurs à l’âme d’enfant.