États-Unis : 2016
Titre original : –
Réalisateur : Matt Ross
Scénario : Matt Ross
Acteurs : Viggo Mortensen, Frank Langella, George Mackay
Distribution : Mars Films
Durée : 1h58
Genre : drame
Date de sortie : 12 octobre 2016
Note : 5/5
Gros coup de cœur pour le Captain Fantastic de Matt Ross qui a eu le prix de la mise en scène au dernier Festival de Cannes. Le spectateur passe des larmes au rire aux larmes en une seconde, finement écrit et très bien joué.
Synopsis : Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à faire de ses six jeunes enfants d’extraordinaires adultes.
Mais quand le destin frappe sa famille, ils doivent abandonner ce paradis qu’il avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à questionner ses méthodes d’éducation et remettre en cause tout ce qu’il leur a appris.
Le film le plus touchant de l’année
Difficile d’avoir quelque chose à ajouter après cette introduction. Si vous allez peu au cinéma et que vous ne voyez qu’un film par an, c’est celui-ci que l’on vous conseille les yeux fermés (les nôtres, parce que les vôtres on les espère ouverts et attentifs). En plus de Cannes, il a décroché le Prix du Jury et du Public au dernier Festival de Deauville. Pour résumer, Captain Fantastic est un road movie, celui d’une famille, dont le père a fait le choix de vivre de manière spartiate au milieu de la nature. La famille doit se rendre à l’enterrement de leur mère à l’autre bout du pays, malgré l’interdiction du grand-père, qui n’a jamais approuvé ce mode de vie qui exclut les enfants de la société et ne leur apprend pas vraiment la vie. Il y a en permanence cette ambivalence sociétale : d’un côté le père qui est convaincu d’avoir fait le bon choix pour ses enfants, qui leur apprend à survivre et se débrouiller tout en étant plus cultivés que la moyenne (l’absence de technologie fait qu’ils lisent énormément, philosophent, font de la musique…) dans des domaines très pointus (les mathématiques, la littérature, la physique, la politique). De l’autre le grand-père qui pense que cette façon de vie est un danger pour les enfants, et dont les autres petits-enfants sont des adolescents américains types. Ce sentiment est très bien transcrit puisqu’en tant que spectateur on ignore quel est le bon choix – s’il y en a vraiment un. Une vision encyclopédique théorique de la vie – la voie rude mais formatrice sur les valeurs essentielles de l’humanité – ou rentrer dans un moule pour faire partie d’une société consumériste imparfaite ?
Cela dit il y a énormément d’empathie pour le personnage de Viggo Mortensen qui fait certes des erreurs mais est d’une justesse… Ses enfants l’aiment et il le leur rend bien et on ne veut pas qu’ils soient séparés. Malgré ces thèmes un peu rudes, Captain Fantastic est aussi (et surtout) un feelgood movie car c’est un récit plein de poésie et d’humanité, les personnages ne s’apitoient jamais sur leur sort et vont de l’avant, il y a aussi beaucoup d’humour (Matt Ross évitant la surenchère de pathos) dans cette fable écologiste – dans l’aspect le plus positif du terme, respectant des valeurs humaines liées à la nature. L’intelligence également du scénario est d’interroger directement le spectateur sur divers aspect de sa vie, et d’être plus critique de la société dans laquelle il vit, sans prendre tout pour acquis. Oui le « Capitaine Fantastique », le père, est imparfait mais il prend des risques pour défendre ce en quoi il croit : des valeurs et une noblesse un peu oubliées, ringardes dirait-on aujourd’hui. Le film n’est pas réservé à une élite intellectuelle, il n’assène pas son message à l’aide de lourdeurs sociologiques, il dépeint simplement l’histoire de cette famille et sa manière de vivre en marginaux. C’est pour le moment le plus beau film que l’on ait vu en 2016.