États-Unis : 2015
Titre original : –
Réalisateur : Rick Famuyiwa
Scénario : Rick Famuyiwa
Acteurs : Shameik Moore, Kiersey Clemons, Tony Revolori, Zoë Kravitz
Distribution : Happiness Distribution
Durée : 1h43
Genre : comédie
Date de sortie : 04 novembre 2015
Note : 5/5
Voilà longtemps qu’on avait pas vu un film qui met autant la banane et qui, malgré un contexte réaliste et difficile, parvient à raconter avec enthousiasme une histoire de réussite sociale. Dope est un bonbon acidulé, plein de couleurs et d’émotions.
Synopsis : Malcolm, jeune geek fan de hip-hop des années 90 vit à Inglewood, un quartier chaud de Los Angeles. Avec ses deux amis Diggy et Jibs, ils jonglent entre musique, lycée et entretiens pour entrer à l’université. Une invitation à une soirée underground va entrainer Malcolm dans une aventure qui pourrait bien le faire passer du statut de « geek » à celui de mec cool, un « dope ».
C’est de la balle !
Repéré à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes et Prix du Public à Deauville, Dope est certainement le film à ne pas louper. Il faut dire qu’entre tous les films négatifs de réalisateurs dépressifs en compétition, Dope était le rayon de soleil du festival ! Pourtant l’histoire ne prête pas à rire a priori, dans un quartier difficile trois geeks essayent de s’en sortir tout en subissant les pressions des groupes les plus populaires de leur quartier. Dope – qui désigne aussi bien la drogue, la merde ou des trucs cools – est d’abord très drôle : on rigole pour ainsi dire du début à la fin devant les situations improbables de personnages empêtrés dans un contexte qu’ils ne contrôlent pas. Les dialogues sont aussi très imagés, au service d’une intrigue assez barrée. Le montage et la façon de mettre en scène rappellent parfois Kick-Ass dans ce côté pop culture très marqué, entre ellipses, parenthèses et clins d’œil au spectateur, sans compter une photographie très lumineuse et beaucoup de couleurs à l’écran (une représentation rétro des années 90). Un patchwork très efficace et sans temps mort, mis en valeur par la très bonne bande originale signée Pharrell Williams (également producteur) au milieu de hits des 90’s. Le trio de jeunes acteurs est impeccable et tout en nuances – mention spéciale à Shameik Moore – et tous les personnages jusqu’à la petite crapule du coin ont ce côté attachant. Les situations évoquées ne font jamais dans le misérabilisme ou le pathétique, au contraire, le réalisateur inocule une très grosse dose de positivisme. Pourtant le film est plus complexe qu’il n’y paraît avec la lute des classes et une certaine vision miséreuse de l’Amérique en sous-jacent, la place des noirs et les clichés véhiculés dans le cinéma US (où ils sont souvent les premiers personnages à mourir, sic !). Rick Famuyiwa utilise la comédie comme une arme pour s’attaquer à ces clichés, et une histoire de vie et de réussite pour les plus défavorisés ou les marginaux. Très très belle découverte.