États-Unis : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Gareth Edwards
Scénario : Frank Darabont, David S. Goyer
Acteurs : Aaron Taylor-Johnson, Bryan Cranston, Ken Watanabe
Distribution : Warner Bros. France
Durée : 2h03
Genre : action
Date de sortie : 14 mai 2014
Note : 3,5/5
Gareth Edwards va sûrement attiser votre curiosité de spectateur. En effet, comment ce jeune réalisateur, qui n’a qu’un film à son actif, a réussi à convaincre les pontes de Warner Bros. et Legendary Pictures de lui confier la réalisation de Godzilla 2014 ? En voyant le film, on peut se dire que le choix était osé, mais terriblement pertinent.
Synopsis : Godzilla tente de rétablir la paix sur Terre, tandis que les forces de la nature se déchaînent et que l’humanité semble impuissante…
Cultivé et riche
Gareth Edwards est en effet le réalisateur de Monsters, un premier film sorti en 2010 assez surprenant dans la mesure où il était ambitieux mais avec un budget ridiculement petit (200.000 $) et une équipe de 5 personnes, obligeant chacun à occuper des postes multiples. C’est peut-être cette débrouillardise et le côté très humain du film qui primait sur le côté « monstres », qui a encouragé les producteurs à faire confiance au réalisateur pour le reboot de Godzilla.
Et bien ce Godzilla devrait en surprendre plus d’un. Déjà parce que ce n’est pas le seul monstre du film – on vous laisse la surprise pour le reste, la campagne marketing ayant caché cet élément – mais en plus le nombre d’apparitions du lézard géant est assez limité ! Très souvent, on aperçoit qu’une partie, ou Godzilla est caché dans l’ombre, on imagine sa présence. L’ambiance générale qui se dégage est vraiment admirable, soulignée par la bande originale de Alexandre Desplat, très inspiré (même si elle ressemble un peu à celle de Prometheus). D’ailleurs le gros point fort du film c’est sa mise en scène, Gareth Edwards n’invente rien, mais il est un bon élève et connaît très bien ses classiques. Comme il l’a déclaré lui-même lors de sa venue à Paris pour la promotion de Godzilla, son film est une lettre d’amour à Steven Spielberg, dont on sent l’influence dans quasiment chaque plan, dans l’introduction des monstres, dans la filiation et la difficulté des rapports père-fils… En plus de cela, les quelques clins d’œil à Alien sont appréciables. Il réalise un film très riche et en clins d’œil, sans que cela soit pour autant des références trop appuyées.
Malheureusement il est un point sur lequel Godzilla pêche un peu : les humains. Le côté intimiste et l’exemple de Monsters, tout portait à croire que les personnages allaient être la priorité de Gareth Edwards, et tout dans le film suggère qu’au final ce ne sont pas les monstres le plus important. Mais la galerie de portraits n’est pas très convaincante. Bryan Cranston est vraiment excellent, surtout dans sa relation avec sa femme, Juliette Binoche, mais elle disparaît au bout de cinq minutes. Ken Watanabe d’habitude si juste écope du personnage le moins intéressant, amorphe et subissant l’action, toujours dans la contemplation, sorte de grand sage qui ne fait pas beaucoup. Aaron Johnson en demi-teinte, son aspect sensible est trop peu mis en avant dans sa relation avec son père, le réalisateur préférant le voir jouer les gros bras, même si sa relation avec sa femme (Elizabeth Olsen, radieuse mais peu présente) et son fils est intéressante.
Pacific Rim avait déçu l’année dernière, non pas niveau grand spectacle où il y avait de la démesure, mais le scénario ne racontait pas grand chose et les personnages n’étaient que des caricatures. Même si Godzilla n’est pas le chef d’oeuvre annoncé, il réussit sur tous les points où le film de Guillermo Del Toro avait échoué : mêler divertissement, mise en scène virtuose, scénario intéressant (avec quelques clichés US, certes), et des personnages dans l’ensemble écrits bien que trop peu développés. C’est donc l’heure du Kaïju-asme en 3D.
À venir : rencontre avec Gareth Edwards (vidéo)