Royaume-Uni, France, USA : 2015
Titre original : –
Réalisateur : Justin Kurzel
Scénario : Todd Louiso, Jacob Koskoff, Michael Lesslie
Avec : Michael Fassbender, Marion Cotillard, Paddy Considine
Distribution : Studiocanal
Durée : 1h53
Genre : drame, guerre
Date de sortie : 4 novembre 2015
Note : 4/5
Présenté en clôture du Festival de Cannes cette année (la pire place), « Macbeth » de Shakespeare renaît une nouvelle fois avec brio dans le film de Justin Kurzel. Voilà pourquoi on a dramatiquement aimé cette version…
Synopsis : Lecture viscérale de la tragédie la plus célèbre et captivante de Shakespeare, celle d’un vaillant guerrier, autant que chef charismatique, se déroulant sur les champs de bataille au milieu des paysages de l’Écosse médiévale. Macbeth est avant tout l’histoire d’un homme abîmé par la guerre qui tente de reconstruire sa relation avec son épouse bien-aimée, tous deux aux prises avec les forces de l’ambition et du désir.
Revoilà Macbeth ! La tragédie Shakespearienne adaptée maintes et maintes fois au cinéma, au théâtre et à la télévision revient cette année sur grand écran. Passer après Orson Welles ou Roman Polanski n’est pas chose facile. Mais l’oeuvre de Shakespeare est tellement riche qu’il est assez aisé de l’adapter à sa propre sauce et de dévoiler une nouvelle version à chaque fois. C’est ce qu’à fait Justin Kurzel ici. Très moderne dans sa mise en scène, le film est pourtant très conservateur et fidèle au texte de 1606 puisqu’il en garde les vers quasiment au mot près. Ceci fait d’ailleurs toute la force de ce Macbeth, puisque Shakespeare aimait manipuler les mots, et ne les choisissait pas au hasard. Les garder décuple alors la force du scénario même si cela le complexifie également.
Vous l’aurez compris, ce Macbeth est déroutant. Très difficile d’accès de par le texte et la complexité de la langue, le film l’est encore plus si vous ne connaissez pas du tout l’histoire à la base. Mais si vous vous accrochez bien malgré tout, vous partirez pour un voyage passionnant dans les couloirs de l’enfer mental. Meurtres, corruption, manipulation mentale, avidité, guerre, envie, désir, deuil ou encore folie, tous ces thèmes sont abordés dans un film violent, mais pas uniquement dans ses images. Dans cette version, le réalisateur a voulu ouvrir le film sur le deuil du couple Macbeth face à leur enfant et sur le retour de la guerre de Macbeth. Ainsi, il est plus « facile » d’avoir de l’empathie pour ces personnages qui ont tout perdu, y compris leur lucidité…
Toutefois, même si le rôle de Lady Macbeth est fortement diminué ici (l’un des seuls points négatifs du film), on saisit rapidement l’atrocité des deux personnages formés par ce couple en deuil et assoiffé de pouvoir. Et puisque tout bon amateur de Shakespeare sait que le dramaturge a toujours été très moderne dans ses textes, voire intemporel, on imagine qu’il a été facile pour Justin Kurzel de trouver un point d’ancrage dans notre monde d’aujourd’hui. Ainsi, Michael Fassbender avoue s’être inspiré des soldats revenant anéantis de la guerre en Irak et souffrant de ESPT (le stress post traumatique) pour jouer son Macbeth. Que ce soit au 17ème ou au 21ème siècle, la guerre fait en effet toujours des ravages derrière elle…
En parlant de ce cher Michael, force est de constater qu’il trouve ici l’un des rôles les plus difficiles de sa carrière. Mais comme d’habitude, il interprète avec brio cet être torturé, errant dans son château comme dans son esprit, et il donne la réplique à une Marion Cotillard qui, même si elle se retrouve encore à devoir pleurer pour son rôle, le fait très bien. Si le personnage de Lady Macbeth est réputé comme étant l’un des plus durs à jouer pour les actrices, elle relève le défi haut la main. Le couple, crédible, sombre dans la folie peu à peu devant nos yeux. On se laisse bercer par les vers anglais et leurs rimes assassines et on assiste à leur naufrage annoncé sans pouvoir y faire quoi que ce soit.
Ajoutez à cela de sublimes paysages écossais, un travail colossal sur les couleurs, les costumes et la photo et vous obtenez une fresque à l’état brut qui ne vous laissera pas indifférent. Vous aimerez ou vous détesterez, mais la puissance envoûtante de ce Macbeth révèle la hauteur du talent de son réalisateur et confirme les talents de ses acteurs. Le texte quant à lui, est et restera un excellent scénario écrit il y a plusieurs siècles déjà. Alors on crie All Hail Macbeth et on fonce en salles dès le mois d’octobre pour se confronter à un film unique et fort !