Canada, États-Unis, France, Allemagne : 2014
Titre original : –
Réalisateur : David Cronenberg
Scénario : Bruce Wagner
Acteurs : Julianne Moore, Mia Wasikowska , Olivia Williams, John Cusack, Robert Pattinson
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h51
Genre : drame
Date de sortie : 21 mai 2014
Note : 4/5
David Cronenberg s’attaque à Hollywood dans un film d’un cynisme et d’une intensité rares, même en connaissant le côté malsain du réalisateur et son goût pour les personnages torturés. Maps to the Stars est intéressant à plus d’un titre, surtout si l’on considère que Cronenberg est un rouage de ce petit système dont il fait le portrait. Le condamne-t-il pour autant ?
Synopsis : A Hollywood, la ville des rêves, se télescopent les étoiles : Benjie, 13 ans et déjà star; son père, Sanford Weiss, auteur à succès et coach des célébrités; sa cliente, la belle Havana Segrand, qu’il aide à se réaliser en tant que femme et actrice.
La capitale du Cinéma promet aussi le bonheur sur pellicule et papier glacé à ceux qui tentent de rejoindre les étoiles: Agatha, une jeune fille devenue, à peine débarquée, l’assistante d’Havana et le séduisant chauffeur de limousine avec lequel elle se lie, Jerome Fontana, qui aspire à la célébrité.
Mais alors, pourquoi dit-on qu’Hollywood est la ville des vices et des névroses, des incestes et des jalousies ? La ville des rêves fait revivre les fantômes et promet surtout le déchaînement des pulsions et l’odeur du sang.
Satire Hollywoodienne
David Cronenberg a déjà été récompensé au festival de Cannes : Crash en 1996 avait eu un prix spécial du Jury, et un « Carrosse d’Or » pour l’ensemble de sa carrière en 2006 à la Quinzaine des Réalisateurs. Souhaitons que Maps to the Stars épate la croisette, en tout cas il le mérite. C’est sûrement le plus cynique des films de Cronenberg et c’est sa force. Portrait d’un système vérolé jusqu’à l’os, machine a vendre du rêve qui s’auto-digère. L’inceste fortement présent (Julianne Moore et sa mère, Cusack et sa soeur, Wasikowska et son frère) est une métaphore de ce système clôt, réservé à quelques privilégiés en quête d’une gloire éphémère. L’univers d’Hollywood peut paraître incestueux car c’est une petite bulle, à rayonnement mondial, mais où les quelques acteurs stars paradent à toutes les sauces. La famille éclatée présentée dans Maps to the Stars, fruit d’une union incestueuse, est donc en réalité la « famille » hollywoodienne. C’est donc un vrai drame familial plein de cruauté et de brutalité qui se joue devant nous. Cronenberg nous montre que le système transforme les acteurs en produits tandis qu’eux cherchent une forme d’immortalité : Julianne Moore a tout pour mener une vie agréable. Mais elle est malheureuse car elle cherche la même immortalité que sa mère, grande star d’antan, à obtenu. Malgré son décès, celle-ci est omniprésente dans le film et même sous forme de fantôme, présente à l’écran et dans la tête de sa fille. Les personnages sont très bien écrits, les acteurs vraiment bons, mise en scène aussi dynamique que malsaine, les personnages se manipulent un peu les uns les autres, comme des acteurs se manipulant entre eux ou des producteurs manipulant des acteurs. Cela fait froid dans le dos de se dire qu’il peut y avoir un semblant de vérité là-dedans. En tout cas, Cronenberg vise juste.