Angleterre, France : 2015
Titre original : –
Réalisateur : Stephen Frears
Scénario : John Hodge
Acteurs : Ben Foster, Chris O’Dowd, Guillaume Canet
Distribution : StudioCanal
Durée : 1h45
Genre : biopic
Date de sortie : 16 septembre 2015
Note : 4/5
L’histoire d’un salop et ses exploits sportifs, par le maître des histoires de vie, The Program de Stephen Frears était forcément alléchant. Et il ne fait aucune concession pour détruire la légende Lance Armstrong.
Synopsis : Évocation du destin hors normes du champion cycliste américain Lance Armstrong, de sa lutte contre le cancer au scandale de dopage.
L’ombre d’une légende
Même s’il est sûrement plus expérimenté quand il s’agit de faire des portraits de femme (The Queen, Philomena, Tamara Drewe, Lady Vegas…), Stephen Frears raconte aujourd’hui l’histoire d’une personnalité controversée du monde du sport et septuple champion du Tour de France : Lance Armstrong. Le film ne s’intéresse pas vraiment à la vie privée du champion, résumée très brièvement ça et là mais surtout à la période qui fera de lui le roi de la grande boucle. The Program commence alors qu’Armstrong est encore un jeune novice du Tour, inexpérimenté mais voulant réussir coûte que coûte, ses premières tentatives de dopage en allant acheter de l’EPO dans les pharmacies en Suisse et surtout son épreuve contre le cancer qui est le point de départ de tout. Armstrong est un miraculé, un vainqueur dans l’âme. Son épreuve contre le cancer est dépeinte par Frears comme une compétition jusqu’à sa guérison totale, sorte de métaphore de sa première victoire sur la vie. La personnalité trouble du champion est très habilement incarnée par un Ben Foster sans failles : plutôt que de profiter de la vie après cette épreuve ou de gagner en moralité, c’est l’inverse qui se produit : Armstrong reprend l’entraînement, profite du cancer qui l’a amaigri pour se sculpter un nouveau corps, et se fait aider du docteur Ferrari qui développe un programme expérimental de dopage pour lui et son équipe. Il devient alors la machine à gagner que l’on connaît (et évidemment c’est le début des emmerdes). Armstrong est une crapule, le film établit ça comme un fait, car il veut gagner quels qu’en soient les moyens, met tout en oeuvre pour cacher sa duperie (jusqu’à ouvrir une association de lutte contre le cancer) et rentre dans une guerre contre son image, ce qui ne l’empêche pas de continuer son entreprise de dopage à rythme industriel. Pourtant le personnage que dépeint Frears est attachant à deux reprises : au début alors qu’il affronte sa maladie et à la fin, un peu pathétique, où l’on comprend qu’il ne vit que pour son sport et être admiré. Entre les deux, une intense tension, le film devient thriller avec un jeu du chat et de la souris entre Armstrong et David Walsh, un journaliste qui n’aura de cesse de prouver que le sportif triche. Passionnant de bout en bout et très bien filmé, The Program reste est très classique dans sa narration. Mais pas un mal.