Critique – The Voices

États-Unis, Allemagne : 2014
Titre original : –
Réalisateur : Marjane Satrapi
Scénario : Michael R. Perry
Acteurs : Ryan Reynolds, Gemma Arterton, Anna Kendrick
Distribution : Le Pacte
Durée : 1h49
Genre : comédie, thriller
Date de sortie : 11 mars 2015

Marjane Satrapi (Poulet aux Prunes, Persepolis) paraissait jusqu’à présent une réalisatrice engagée dépeignant des personnages sur fond de conflits politiques divers. C’est avec une certaine surprise qu’on la retrouve aux commandes de The Voices, une comédie pure oeuvre de divertissement, qui est son premier film américain.
Synopsis : Jerry vit à Milton, petite ville américaine bien tranquille où il travaille dans une usine de baignoires. Célibataire, il n’est pas solitaire pour autant dans la mesure où il s’entend très bien avec son chat, M. Moustache, et son chien, Bosco. Jerry voit régulièrement sa psy, aussi charmante que compréhensive, à qui il révèle un jour qu’il apprécie de plus en plus Fiona – la délicieuse Anglaise qui travaille à la comptabilité de l’usine. Bref, tout se passe bien dans sa vie plutôt ordinaire – du moins tant qu’il n’oublie pas de prendre ses médicaments…

Ryan Reynolds est Mr Moustache

De l’aveu même de Marjane Satrapi, les studios Disney lui avaient proposé de faire leur film Maléfique avec Angelina Jolie. La réalisatrice n’ayant aucun sens de la féerie avait refusé la proposition. Nous avons eu la chance de discuter avec cette femme passionnante à l’issue d’une projection de son dernier film The Voices, qui est un peu aux antipodes de ses derniers métrages, et surtout un film de commande des américains. Pourtant celle-ci assure avoir eu une liberté quasi totale, que cela soit dans le choix du scénario que pour les acteurs en passant par la mise en scène à proprement parler. Une rencontre passionnante d’une heure avec une femme drôle et ouverte parlant avec passion de son métier. On regrette malheureusement que son film ne soit pas aussi intéressant qu’elle, et peine souvent à convaincre. Ryan Reynolds excelle dans le rôle du schizophrène sociopathe immature, faisant aussi bien le petit garçon que l’on dispute que le froid tueur. L’acteur assure vraiment dans ses scènes de folie où il voit le monde en rose et devient littéralement son chat, partie démoniaque de son esprit incarnée par Mr Moustache et son accent irlandais, et son chien, le gentil benêt Bosco. Si l’humour qui découle de ces scènes fait son petit effet, on regrettera que la réalisatrice n’ait pas fait de franche coupes dans The Voices, qui accuse de vrais problèmes de rythme et peine au final à convaincre. De plus le mélange des genres est assez casse-gueule : si on est bien en présence d’une comédie avec des éléments « gore pudique » (formulation de Marjane Satrapi), souvent le ton est très sérieux et s’attaque au côté tragique du personnage, son enfance, et sa maladie. Sans compter la partie thriller quand il commencera à tuer. On est content de voir ce type de projet original qui s’éloigne des schémas tout tracés, un peu expérimental et très excitant sur le papier, même si le résultat final ne nous aura pas totalement convaincu.