France : 2017
Titre original : Valerian and the City of a Thousand Planets
Réalisateur : Luc Besson
Scénario : Luc Besson d’après Jean-Claude Mézières et Pierre Christin
Acteurs : Dane DeHaan, Cara Delevingne, Clive Owen, Rihanna
Distribution : EuropaCorp Distribution
Durée : 2h18
Genres : science fiction
Date de sortie : 26 juillet 2017
Note : 2,5/5
Valerian et Laureline… valérien ! 200 millions d’euros de budget, soit la plus grosse production européenne à ce jour, ou l’équivalent du prix de Neymar pour les plus footeux d’entre vous. Un Tonton Besson à la manœuvre, vieux briscard à la filmographie inégale mais aux épaules plutôt solides pour diriger ce blockbuster à la française. Un univers riche issu d’une œuvre de qualité d’une trentaine de BD, Une bande annonce qui présageait de bien belles images et d’une solide maitrise technique. Bref, a priori de solides arguments qui laissaient entrevoir un film épatant, consistant, rafraichissant, et pourquoi pas épique… Las, après 2h18, le cumulus tombe en panne : c’est la douche froide !
Synopsis : Au 28ème siècle, Valérian et Laureline forment une équipe d’agents spatio-temporels chargés de maintenir l’ordre dans les territoires humains. Mandaté par le Ministre de la Défense, le duo part en mission sur l’extraordinaire cité intergalactique Alpha – une métropole en constante expansion où des espèces venues de l’univers tout entier ont convergé au fil des siècles pour partager leurs connaissances, leur savoir-faire et leur culture. Un mystère se cache au cœur d’Alpha, une force obscure qui menace l’existence paisible de la Cité des Mille Planètes. Valérian et Laureline vont devoir engager une course contre la montre pour identifier la terrible menace et sauvegarder non seulement Alpha, mais l’avenir de l’univers.
Un gâchis
Rappelons brièvement l’intrigue : dans un futur très très lointain (vers 2500 environ) Valerian et Laureline, les sus-nommés, sont 2 agents spatio-temporels de la race humaine, qui accomplissent des missions pour le gouvernement humain. Je précise « de la race Humaine » car en 2500 d’innombrables races extraterrestres cohabitent en paix (enfin presque) notamment sur Alpha, alias la cité des 1000 planètes, une sorte de capitale intergalactique.… Nous suivons donc ces 2 agents lors d’une mission qui va les amener sur cette fameuse cité des Mille planètes, mission a priori de routine mais en fait pas si « routinesque » que ça…
Commençons donc par les personnages principaux (Valérian et Laureline) qui sont des caricatures d’héros vus et revus. D’un coté Dane DeHann (Valerian) qui campe l’archétype du mâle rêvé : un bon soldat d’élite casse-cou et coureur de jupons qui cache malgré tout sous sa carapace des sentiments et un cœur gros comme ça ! C’est cro mignon…
Et de l’autre coté Cara Delevingne (Laureline) qui nous fait le numéro de l’agent un peu rebelle mais qui en fait sous sa carapace a des sentiments et un cœur gros comme ça… C cro mignon bis !
Vous l’aurez compris, Valerian et Laureline sont deux héros sans personnalité, plus fadasses que bad ass, et qui ne sont pas aidés par les dialogues d’une tristesse et d’une platitude affligeantes. Point d’inquiétude en effet, votre cerveau et vos zygomatiques ne seront que très peu sollicités : aucune profondeur ou subtilité dans ces dialogues, très peu d’humour,… Pour un film inspiré d’un univers aussi riche, qui offre des situations et des personnages cocasses, c’est clairement une ode au foutage de g*****. Des tirades écrites par un dépressif fainéant en somme.
Mention bien tout de même aux 3 E.T mi-canards mi-on ne sait pas trop quoi qui apportent une pointe de fraicheur à ce niveau-là.
En parlant de fraicheur, l’histoire qui nous est contée est basique et n’exploite aucunement encore une fois la richesse que peut proposer l’univers de Valérian. Quid de l’exploration et du voyage dans le temps ? C’est pourtant l’idée principale de la BD mais dans ce film, il faut croire que nos agents ne sont plus spatio-temporels, mais uniquement spatio… Soit, pourquoi pas, mais quel est l’intérêt de s’inspirer de ces BD pour en enlever l’essence principale ? Pour imager, c’est comme si vous achetiez une villa de 500 m² et que vous n’utilisiez que le garage ! WTF ?!
Libre à Oncle Luc de se passer de cet arc narratif, mais le scénario de son film n’offre en contrepartie aucune audace, aucune originalité ni aucune envolée spirituelle, et, en plus, nous achève avec un happy end nauséabond et pas du tout prévisible…
Pire, il nous sert une histoire centrée presque exclusivement sur les pérégrinations de 2 humains, les différentes races extraterrestres ne servant finalement que de décor. On a l’impression d’être dans un film catastrophe américain des 90’s centré sur les américains qui sauvent à eux seuls l’humanité toute entière… Obsolète.
Même les Pearls, race d’extraterrestres cousins des Na’vis d’Avatar, ne servent finalement que de faire-valoir à l’intrigue et y ont un rôle réduit au final : quel dommage !
Quel dommage car la beauté de ces créatures n’a d’égale que la beauté des images. En effet, si sur le fond on touche le fond, la forme, elle, est en pleine forme (ok je sors).. Plus sérieusement, c’est très beau, les effets spéciaux sont très bien maitrisés, et donnent quelques rares bonnes idées de pirouettes scénaristiques (on pensera à la mission au BIG MARKET notamment). On sent que le pan artistique du film a nécessité beaucoup de travail et de moyens, et le résultat à l’écran est très plaisant et très réussi. On plonge volontiers dans cet univers et on resterait bien à bronzer sur les plages paradisiaques de la planète Mùl…
Quant aux acteurs choisis pour interpréter Valerian et Laureline, on n’accroche pas vraiment : non pas que leur jeu soit mauvais, on a vu pire (mais je ne citerai pas de noms pour ne pas froisser Vin Diesel ou Samy Nacéri…), mais ils ne se glissent pas vraiment dans des habits d’agents spatio-temporels : pour vous donner une idée, c’est comme si Batman était joué par Mimi Mathy…. L’idée est savoureuse, certes, mais peu crédible ! En revanche mention bien à Rihanna qui s’en sort avec les honneurs dans son rôle de Bubble ! Que de progrès depuis Battleship ! Clive Owen est quant à lui toujours aussi juste.
En résumé, et pour paraphraser Dewey dans Malcolm, je m’attendais à rien mais je suis quand même déçu.
En effet, on aurait aimé un film aussi ambitieux que son budget, avec des prises de risques scénaristiques, une histoire plus complexe, des personnages moins superficiels, une écriture qui prenne plus de hauteur et qui soit à la hauteur justement du vaste monde et des vastes peuplades de cet univers créé par Christin et Mezières. Il y avait la place en 2h18 d’aller dans ces hautes sphères, de tisser une intrigue en fil rouge pour une éventuelle trilogie, de jongler avec plusieurs époques,… mais au final on en est bien loin et la réussite visuelle ne sauve malheureusement pas tout !
Ce film est un gâchis : un bel écrin brillant que l’on ouvre et dans lequel on voit un caillou au lieu d’une perle… frustrant !