La passion de Martin Scorsese pour le rock ne date pas d’hier et il a régulièrement usé des morceaux des Rolling stones pour ponctuer ses films. C’est donc tout naturellement que Scorsese et Mick Jagger se sont associés autour d’un projet qui avait germé dans leurs esprits il y a bien longtemps, bien avant que Scorsese ne réalise Broadwalk Empire. Produite pour la chaîne américaine HBO et diffusée à partir du 15 février sur OCS, à peine 24 heures après sa diffusion outre-Atlantique, Vinyl est une plongée jouissive dans l’univers rock.
Sex, drugs and rock n’ roll
Proposer un pilote de deux heures, en décalage avec le format habituel des séries actuelles, est un exercice ambitieux et risqué. Cependant, depuis quelques années les séries ont pris des allures de mini films et la qualité est souvent au rendez-vous. Alors quand le dit pilote est orchestré par Martin Scorsese en personne, le résultat ne peut être qu’à la hauteur de l’attente. Ce premier épisode se savoure de bout en bout tant la patte du réalisateur imprègne le film. Scorsese filme avec passion les rues new-yorkaises des années 70 et plonge le spectateur dans cette époque bénie du rock n’roll à travers les aventures d’un producteur de musique dont le label est au bord de la faillite. Ce premier épisode présente des personnages tous plus déjantés les uns que les autres, à commencer par Richie Finestra interprété par Bobby Cannavale (qui apparaît également dans Broadwalk Empire). Juno Temple, toujours aussi magnétique, ajoute une bonne dose de décalage à cet univers déjà bien déjanté et on retrouve également au casting James Jagger, le fils de Mick Jagger, qui se reconnaît au premier coup d’oeil et interprète le chanteur d’un groupe de rock…
Le pilote débute sur les chapeaux de roue avec un concert épique, qui, avec ses ralentis sur le groupe en transe et sur la foule en délire, capture parfaitement toute la frénésie et tous les frissons que peut provoquer une bonne dose de rock. Fiction et réalité se mêlent à merveille, permettant au spectateur de s’approprier cet univers, de retrouver les codes et références qu’il s’attend à trouver dans cette série-hommage au rock. Led Zepplin, Andy Wharol ou Lou Reed ne sont que quelques uns des noms bien familiers que l’on entend lors de ce premier épisode.
Des scènes d’une virtuosité incroyable dont le réalisateur a le secret, portées par des morceaux qui donnent parfois la chair de poule, alternent avec des moments plus calmes – voire parfois légèrement trop longs – jusqu’à ce que la série dérape et que l’histoire prenne une tournure beaucoup plus délirante. En effet, la principale force de ce pilote est son ton à la fois décalé et plein de dérision voire d’humour noir. Certaines scènes font penser au Loup de Wall Street quand Richie Finestra commence à perdre pied et à se noyer dans l’alcool ou dans la drogue. Scorsese fait ce qu’il sait faire de mieux : du Scorsese. Au final, le pilote de sa série pourrait être un film à part entière, de par sa durée inhabituelle, mais également car la scène sur laquelle s’achève ce premier épisode est tellement spectaculaire et folle qu’elle pourrait être un parfait point final. Bien que l’intrigue soit mise en place et que l’on ait envie de découvrir ce qui va arriver aux protagonistes, on ne peut s’empêcher de se demander si les prochains épisodes seront à la hauteur tant le pilote met la barre haute. Les épisodes suivants ne seront pas réalisés par Scorsese et ses successeurs auront la lourde tâche d’égaler un pilote conçu pour en mettre plein les yeux et les oreilles. Si le pilote fonctionne grâce à son cocktail détonnant mêlant rock, dérision, moments fous, la précision de la caméra de Scorsese et des scènes d’une virtuosité envoûtante, il faut espérer que la déception ne sera pas au rendez-vous au prochain épisode…
Merci à OCS qui nous a permis de découvrir ce pilote en exclusivité autour d’une soirée très rock.