À moins de développer une série autour de la famille, les scénaristes de fictions semblent être incapables d’écrire pour deux protagonistes en couple, sans se sentir obligés de les séparer ou pire, de les rendre ennuyeux faute d’inspiration.
Otis et Maeve de Sex Education ou l’éternelle séduction
Fin de la saison 2 de Sex Education. Alors qu’Otis a enfin déclaré ses sentiments à Maeve via un message téléphonique, Isaac le prétendant secret du personnage incarné par Emma Mackey l’efface, annihilant toute chance pour les deux héros d’entamer une relation. Une conclusion qui ressemble à s’y méprendre à celle de la première saison où la jeune femme, décidée à avouer ses sentiments au jeune héros, le découvrait en train d’embrasser Ola, un énième obstacle sur le chemin semé d’embûches des deux protagonistes. Passée la frustration engendrée par la situation, vient l’interrogation : si les scénaristes se plaisent à éloigner des amoureux clairement faits l’un pour l’autre, ne serait-ce pas parce qu’ils ne savent pas les écrire en couple ? Le fameux Will They/Won’t They américain (qui pourrait se traduire par le jeu du chat et de la souris) est un ressors scénaristique éculé quoique efficace mais comportant un revers de taille : lorsque la lassitude des fans se fait sentir et que vient le moment de mettre les héros en couple, comment transformer ce qui constituait jadis l’ADN de la série en relation drôle et pétillante ?
Le couple raté selon Castle, Stranger Things ou X-Files
Lorsque le premier épisode de Castle a été diffusé, l’alchimie entre le personnage éponyme incarné par Nathan Fillion et Beckett, jouée par Stana Katic était explosive. S’en sont suivis quatre saisons de ping-pong verbaux, sous-entendus amoureux et autre jalousie savoureuse qui ont cessé dès lors que les héros se sont mis ensemble. À force d’avoir construit la série autour d’une séduction non consommée, les scénaristes n’ont pas réussi à donner un second souffle à la série lorsqu’une nouvelle donne leur a été distribuée. Gilmore Girls a rencontré le même problème avec Luke et Lorelai, X-Files avec Mulder et Scully. Plus récemment dans Stranger Things, le personnage d’Eleven n’a jamais été aussi plat que depuis que les esprits créatifs derrière la série de Netflix ont choisi de la mettre en couple avec Mike. Quant à Grey’s Anatomy, les scénaristes semblent avoir banni le terme de « couple heureux » de leur dictionnaire. Et si, reconnaissons-le, l’attirance latente entre deux héros est effectivement un moteur fort pour fidéliser une audience, le couple est suffisamment compliqué et passionnant pour ne plus constituer un embarras pour les scénaristes de séries.
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