États-Unis : 2015
Titre original : –
Réalisateur : Alejandro González Iñárritu
Scénario : Alejandro González Iñárritu, Mark L. Smith d’après Michael Punke
Acteurs : Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Domhnall Gleeson
Distribution : Twentieth Century Fox France
Durée : 2h36
Genre : western
Date de sortie : 24 février 2015
Note : 4,5/5
Un an après Birdman, son faux plan séquence et ses multiples Oscars, Alejandro González Iñárritu porte à l’écran The Revenant l’adaptation d’un roman de Michael Punke relatant la lutte pour la survie d’un trappeur laissé pour mort par son équipe. Ce projet tout aussi ambitieux que le précédent et qui a nécessité des mois de tournage dans des conditions intenses semble destiné à rafler à nouveau moult statuettes dorées et peut-être à offrir à Leonardo Dicaprio son premier Oscar.
Synopsis : Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.
Tout commence par le silence. Et une respiration. Ce souffle de vie auquel se raccroche Hugh Glass (Leonardo Dicaprio) tout au long du film pour poursuivre sa route et atteindre son but en dépit des embûches et de la dureté de cette nature sublime mais inhospitalière. Ainsi, dès l’ouverture du film, Iñárritu met l’emphase sur les sons. Les sons émanant de la nature emplissent le film par leur douceur ou leur bestialité et subliment la majesté de cette nature sauvage et de ces vastes étendues enneigées. Ce paysage est aussi beau qu’il est dangereux et c’est dans un enfer blanc que Hugh Glass se retrouve pris au piège après avoir été laissé pour mort par une partie de ses compagnons de route dans l’Amérique sauvage de 1823 . Affaibli et seul, mais animé par sa soif de vengeance, Glass entreprend un périple des plus dangereux pour retrouver un homme: John Fitzgerald, interprété par le brillant Tom Hardy.
Filmée avec une précision et une virtuosité remarquable, la nature est au cœur du film et les images sublimes se succèdent à l’écran. Cependant, la douce beauté de ces images laisse vite place à des scènes d’un réalisme et d’une intensité incroyable, Iñárritu n’épargnant aucun détail. De la bataille époustouflante qui vient surprendre le spectateur au bout de seulement quelques minutes aux rencontres malencontreuses avec des bêtes sauvages en passant par des plans contemplatifs de la nature, Iñárritu plonge le spectateur dans une expérience sensorielle. Les scènes d’une brutalité choquante alternent avec des plans d’une poésie visuelle à couper le souffle et le tout est sublimé par une bande-originale subtile et obsédante, portée par la douceur incisive de violons d’une beauté à fendre l’âme.
Si la ligne directrice du scénario est plutôt ténue et assez manichéenne, elle parvient à tenir en haleine pendant deux heures et demi, tant les images fascinent et les acteurs excellent dans leurs rôles, Leonardo Dicaprio et Tom Hardy en tête. Les deux acteurs livrent en effet des performances époustouflantes. La souffrance endurée par Glass imprègne le film, tout comme sa volonté sans faille à survivre. Dicaprio incarne son personnage jusqu’à l’extrême, en allant chercher dans les plus bas instincts de l’homme mais également en communiant avec la nature, faisant de cette aventure une expérience quasi-mystique. En effet, on assiste à l’écran à la renaissance voire à la résurrection d’un homme. La mort rode tout au long du chemin et l’homme se voit confronté à la puissance de la nature qui se déchaîne et se voit contraint de s’adapter et de l’apprivoiser pour survivre.
Si Dicaprio livre certainement une de ses meilleures performances à ce jour, Tom Hardy n’est pas en reste et interprète à la perfection ce personnage méprisable qu’est John Fitzgerald. Trahison, vengeance, cruauté,… Tous ces défauts bien humains sont au cœur du propos du film, tout comme les qualités de l’homme capable de courage, de respect ou de tolérance.
Précis, ambitieux, choquant et envoûtant, The revenant est le genre de film qui laisse sans voix au moment où les lumières se rallument. C’est une expérience sensorielle et mystique qui fascine par la beauté ou la brutalité sans détour de ses images.